Télétravail et Travail hybride : quelle évolution pour nos environnements de travail ?
Le 30 novembre, nous avons invité les acteurs immobiliers à découvrir les résultats de cette enquête menée par l’institut CSA Research pour Parella lors d’une table ronde organisée avec l’IDET. Une étude menée auprès de 300 dirigeants et 500 salariés sur l’évolution des environnements de travail ainsi que le télétravail et le travail hybride.
Voici les retours et apprentissages issus des échanges avec Bruno Deverre, Directeur Immobilier & Services Généraux d’EGIS et Responsable du club immobilier de l’IDET, Grégory Rouca Directeur Workplace Management chez LVMH et Julie-Maud Godard Directrice People and Transformation chez Parella :
Télétravail et travail hybride, une réalité à deux vitesses.
Trois ans après la crise sanitaire, le télétravail est proposé par 53 % des dirigeants et accessible à 55 % des salariés. La moitié de la population étudiée n’y a donc pas accès.
La situation est très inégale selon la localisation et les profils d’entreprises.
Côté dirigeants, l’étude montre que la moitié seulement (55 %) sont convaincus des bénéfices du télétravail et pour 44 % d’entre eux, celui-ci s’est imposé par la pression des collaborateurs ou pour suivre l’évolution du marché du travail.
Dans la majorité des cas, le nombre de jours de télétravail autorisés et les modalités de télétravail n’ont pas évolué. Dans les entreprises où les choses ont changé, le nombre de jours accordés a plutôt augmenté (36 % des dirigeants, 37 % des salariés) et les modalités se sont plutôt assouplies (34 % des dirigeants, 32 % des salariés).
Quel retour d’expérience de nos invités sur le télétravail et le travail hybride
Chez Egis, un nouvel accord de télétravail a été mis en place permettant aux salariés de bénéficier jusqu’à 60% de leur temps de travail effectif. Cela se fait bien entendu avec l’accord du manager. Chaque collaborateur a la liberté du jour choisi, précise Bruno Deverre.
Cependant, il est important de noter que tous les métiers ne s’y prêtent pas. Chez Egis par exemple, certains métiers nécessitent des aménagements spécifiques qu’on ne peut retrouver à la maison.
Si un retour en arrière semble impensable, en France, le droit du travail et les lourdeurs administratives peuvent faire peur et freiner les innovations managériales. Pour lui, l’équilibre se construit en analysant et adaptant pour répondre aux évolutions.
Pour LVMH, le télétravail était déjà en place pré covid avec 2 jours par mois. Post covid il est passé à 2 jours par semaine. Cependant les bureaux ont un fort succès avec un taux de présence élevé de 57 à 63% du lundi au jeudi, et jusqu’à 35% (plus haut que la moyenne) le vendredi. Le taux de présence dans les bureaux n’a quasiment pas varié post covid, précise Grégory Rouca.
Le Flex-office plait aux salariés, car il favorise les rencontres et échanges
Faisant souvent partie de l’équation du travail hybride, le flex office est stable et concerne un quart des salariés, qui l’apprécient toujours (à 73 %). Evolution notable par rapport à l’an dernier : le fait qu’il favorise les rencontres devient son premier avantage perçu (36 %, en hausse de 11 points) devant la liberté qu’il offre.
Quel retour d’expérience de nos invités sur le télétravail et le travail hybride
Chez Egis, avec des effectifs en hausse de 10% par an, les espaces passent progressivement d’aménagements en postes attribués à des environnements dynamiques, en conservant des territoires par équipe. Une évolution qui répond à la mise en place du modèle hybride, mais aussi au mode de fonctionnement en équipe projet.
Bruno Deverre partage l’importance d’une pédagogie face à la multiplication des bulles, salles et espaces collectifs. Le rôle du manager évolue avec le travail hybride, nécessitant un accompagnement dans cette transition.
Ainsi, 6 mois après la mise en place du flex office, 72% des collaborateurs ayant répondu à l’enquête interne sont déclarés comme satisfaits, malgré les réticences du début.
Chez LVMH, dans la majorité des maisons, le flex office n’a pas été mis en place. Pour autant une diversification des espaces est proposée pour s’adapter aux nouveaux modes de travail.
Sur une de leur maison, en forte croissance des effectifs, une réflexion est menée pour un passage en flex office sur certains départements pour lesquels ce mode d’aménagement fait sens. Cela nécessite de travailler les règles de convivialité et de télétravail pour trouver le système le plus efficient possible. Mais également de former les managers et de penser la digitalisation pour permettre à chacun de savoir qui est là, quand, et où trouver un poste de travail.
Cela nécessite de l’écoute et de l’adaptabilité. Le projet se travaille avec chaque manager, afin de comprendre son métier, l’organisation et les usages de son équipe, pour proposer un espace de travail hybride efficace et qui permette tout type d’usages : s’isoler, communiquer, collaborer…
Quels impacts sur l’immobilier d’entreprise ?
Les locaux restent un enjeu important voire prioritaire pour 78 % des dirigeants. La localisation reste l’enjeu majeur : elle est perçue comme un avantage concurrentiel par 57 % des dirigeants et est le critère prioritaire pour 52 % des dirigeants et 54 % des salariés.
Quel retour d’expérience de nos invités sur le télétravail
Un constat partagé pour LVMH, pour lequel la localisation est un enjeu central. L’objectif étant d’être au cœur de l’activité retail mais également de la production. Au-delà, il y a une véritable question d’attractivité des talents.
Même constat chez Egis. Avec 18 000 personnes dans le monde dont 5 000 en France sur 50 sites, des projets de regroupements de sites sont en cours, pour rassembler les collaborateurs et favoriser les synergies.
L’espace de travail au service de l’expérience collaborateur
L’espace de travail reste un puissant levier d’attraction (critère important ou décisif pour 69 % des salariés) et de rétention des collaborateurs (rôle essentiel dans l’envie de rester dans l’entreprise pour 79 % des collaborateurs).
Il a également un impact sur l’image de l’entreprise, pour 83% des salariés, en progression de 7 points. Ces espaces de travail doivent incarner la marque : son activité et ses produits d’une part (pour 45 % des dirigeants), mais aussi ses valeurs et son histoire (pour 42 % des dirigeants). C’est un aspect qui compte aussi pour les salariés, mais dans une moindre mesure.
Si, comme l’an dernier, les salariés viennent au bureau pour voir leurs collègues (lien social 69 %), cette année, ils y viennent aussi pour travailler plus efficacement (56 %).
On sent bien que c’est l’opérationnel qui prime chez les salariés qui voient dans les outils l’enjeu principal de la mise en place du travail hybride. Les dirigeants sont plus équilibrés entre les outils, les modes de management et l’accompagnement des collaborateurs.
Enfin, salariés comme dirigeants reconnaissent le besoin d’investir dans les espaces de travail. Les salariés expriment des attentes plus fortes sur les dimensions RSE, QVT, équipements.
Quel retour d’expérience de nos invités sur le télétravail et le travail hybride
Chez Egis, la qualité des espaces est un levier de fidélisation et d’attraction des talents.
De nombreux espaces sont progressivement mis en place pour favoriser le lien social, stimuler le collectif, éviter les silos. Avec notamment des mobiliers différents pour répondre à l’évolution des besoins au fil de la journée et proposer de nouveaux usages afin d’être plus efficaces.
Bruno Deverre partage également que les modèles flexibles, permettent à chacun de choisir ce qui lui convient (personnalité, besoin d’échange, etc.) contribuant à une meilleure expérience collaborateur.
Une attention toute particulière a été portée aux outils chez LVMH. L’objectif était de faciliter et optimiser le travail hybride. Tout est fait pour que tout le monde puisse utiliser les systèmes en place en 2 clics maximum, sans aucune compétence technique particulière.
Sur la question de la RSE, LVMH et Egis sont tous deux très vigilants. Du re-use aux solutions de tri des déchets jusqu’au système de déshydratation des déchets dans les cuisines, la RSE est un sujet pleinement intégré aux appels d’offre.
Des directions de l’immobilier et de l’environnement accompagnées
Pour faire face à ces nombreux enjeux les directions de l’immobilier travaillent main dans la main avec les différentes directions.
Chez Egis, la direction de l’immobilier est rattachée à la direction de la transformation
Chez LVMH, le parti pris est de mieux communiquer en interne sur tout ce qui est fait.