Val d’Europe, un quartier d’affaires qui prospère à l’ombre de Disneyland Paris

30 ans après l’ouverture de DisneyLand Paris, Val d’Europe, en Seine et Marne, poursuit son développement.
On y retrouve pas moins de  7.600 entreprises dont Deloitte, qui va y ouvrir un de ses principaux centres de formation.

Fin 2023, l’entreprise Deloitte a livré son campus de plus de 22 000 m² à Romainvilliers, en Seine et Marne, qui va être destiné à la formation de ses employés Européens, du Moyen Orient ainsi que ceux d’Afrique. On retrouvera sur ce site pas moins de 260 chambres qui accueilleront 500 cadres chaque semaine. Pas moins de 80 sites à travers  l’Europe avaient été étudiés par l’entreprise ces dernières années : finalement, la commune de 7.200 habitants a réussi à faire la différence.

Philippe Descrouet, le président (UDI) de Val d’Europe Agglomération, y voit un signe de l’attractivité de son territoire de dix communes. « Nous sommes devenus un des fleurons en Ile-de-France en matière de dynamisme économique », plaide l’élu, également maire de Serris.

800 implantations dans le quartier d’affaires de Val d’Europe

L’ancien territoire agricole a été profondément transformé depuis l’ouverture de Disneyland Paris en 1992, passant de 5.000 habitants à 55.000 en trois décennies. Au niveau économique, c’est un quartier d’affaires qui est sorti de terre : plus de 7.600 entreprises sont installées à Val d’Europe, avec 46.000 emplois. Disney, premier employeur privé du département, y fait travailler 18.000 personnes.

L’an dernier, plus de 800 entreprises se seraient implantées dans l’agglomération.

Parmi elles figurent des poids lourds tels que Crédit Agricole Brie Picardie, que nous sommes fiers d’avoir accompagné. C’est plus de 400 collaborateurs qui se sont installés à Chessy.

La caisse régionale du Crédit Agricole, qui couvre aussi la Somme et l’Oise, y avait déjà ouvert en 2019 un accélérateur afin d’aider les start-up à booster leur croissance. Un des objectifs de ce dernier, baptisé « Village by CA Brie Picardie », est de les encourager à « se développer sur le territoire et nourrir le tissu économique régional », précise Sylvie Brion, directrice de la structure.

Val d’Europe compte aussi des entreprises internationales comme Multivac, fabriquant allemand de machines de conditionnement, ou TD Synnex, leader américain de la distribution de services informatiques.

Afin de faire venir ces sociétés, le territoire mise sur son accessibilité : il est desservi par deux stations de RER, une gare TGV et l’autoroute A4.

L’aéroport Roissy-Charles de-Gaulle est situé à dix minutes en train. « Pour une entreprise, c’est un vrai pointfort », confirme Jean François Ker Rault, ancien dirigeant de l’équipementier automobile Defta, implanté à Chessy, et vice-président du Club des entrepreneurs du Val d’Europe, qui regroupe 200 entreprises du territoire. « Cette proximité avec l’aéroport me facilitait les déplacements entre les filiales de notre ETIfamiliale. »

Mais Val d’Europe n’attire pas seulement les grands noms. « Le tissu économique est composé en majorité de TPE-PME », souligne Patrick Meleo, agent immobilier à BAM immobilier et vice-président à la CPME de Seine-et-Marne.

Avec Disneyland Paris, le tourisme était au départ très représenté parmi les entreprises du territoire. L’agglomération a œuvré pour une diversification du tissu local pour éviter une dépendance au secteur. « Avec le Covid, nous avions perdu 75 % de nos recettes », souligne Philippe Descrouet

Pour les entreprises locales, le parc d’attractions est une véritable manne. A l’image du Bon Bocal, une société de 40 salariés créée en 2016 à Bailly-Romainvilliers et spécialisée dans la réalisation de plats en bocaux en verre pour de la restauration connectée et des événements d’entreprises (4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires).

« Nous avons beaucoup travaillé avec Disney, qui était à un moment un de nos clients principaux », se remémore Julien Icard, cofondateur de la PME, qui assure encore des prestations de traiteur événementiel pour le parc.

Installée à Bailly-Romainvilliers depuis cinq ans, Créalum’in compte aussi Disneyland Paris parmi ses clients. Cette entreprise de 17 employés, spécialisée dans la création, la pose et la maintenance de luminaires sur mesure, a par exemple réalisé un dôme lumineux pour un restaurant du Marvel Avengers Campus, une zone du parc. Actuellement, les équipes de la société planchent sur les luminaires pour une autre partie consacrée au film « La Reine des neiges ».

Et le prix du foncier à Val d’Europe ?

Cette attractivité se fait sentir sur le prix du foncier. Selon le maire, « Serris est aujourd’hui la commune la plus chère de Seine-et-Marne ». Les logements se vendent rapidement, souvent pour en faire des meublés de tourisme, très prisés en raison de leur proximité avec Disneyland.

«A cause de ces pratiques, les travailleurs ne peuvent pas vivre dans la commune », dénonce Philippe Descrouet.
Une situation d’autant plus problématique dans un territoire qui prône le principe de « ville du quart d’heure », un concept où les équipements et le lieu de travail sont situés à quinze minutes de chez soi.

©Les Echos pour la rédaction de l’article